CECILE DESJARDINS Le 25/06 à 06:00
Tendance / De nouveaux chatbot spécialisés sont à même de répondre aux demandes financières, mais aussi d'interagir avec les systèmes.
Wanda est d'une efficacité exceptionnelle :
« Wanda, quel est le chiffre d'affaires du mois dernier ? »
- « Bien sûr, le voici »
- « Peux-tu me sortir un graphique comparatif et l'envoyer au directeur général ? »
- « C'est fait. »
Il n'a fallu que quelques instants à Wanda pour afficher les résultats comme les graphiques attendus. Cette remarquable diligence s'explique par le fait que Wanda n'a rien d'humain. Ni « elle » ni « lui », « it » est le « chatbot », ou nouvel assistant virtuel, et vocal, proposé par l'éditeur d'ERP spécialisé dans le tertiaire Unit4.
Intégré à différents outils comme Messenger ou Skype, Wanda parle déjà cinq langues - l'anglais, le français, l'allemand, le norvégien et le suédois. Pourquoi « Wanda ? » ? Parce que c'était le nom de la première personne qui s'est inscrite pour discuter avec cet « agent conversationnel », ou « programme informatique capable de simuler une conversation ». Proposé depuis deux ans par Unit4, Wanda constitue un axe de développement important pour l'éditeur. « Nous voulons rendre notre ERP le moins visible possible, et nous concentrer sur l'usage. A terme, nos clients pourront s'ils le souhaitent s'adresser à leur outil en s'adressant uniquement à Wanda. C'est particulièrement intéressant pour les utilisateurs ponctuels, comme des consultants qui remplissent leur feuille de temps une fois par semaine en vue d'une facturation », précise Denis Hucafol, responsable des ventes de Unit4 pour la France.
Facilités
Après de nombreuses autres fonctions , la finance commence elle aussi à être touchée par les « agents conversationnels », souvent par e-mail ou SMS, mais la voix devrait indubitablement se développer. « La voix est le futur de nos interactions avec la machine : on estime qu'en 2025, 70 % des échanges hommes-machines se feront par la voix… Tous les outils, y compris financiers, seront contraints de s'y mettre à plus ou moins long terme », estime Jérémy Ravenel, fondateur de CashStory, une fintech qui propose aux entreprises de simplifier la production de leurs données financières et d'augmenter leur capacité d'analyse grâce à l'intelligence artificielle, et dont l'assistant, Bob, se fera bientôt entendre. « Aujourd'hui, Bob est un service d'assistance qui répond par e-mail à toutes les questions qu'on lui pose sur les données financières de l'entreprise. Il sera aussi accessible à la voix, sur une application démo d'ici la fin de l'année », explique Jérémy Ravenel. De même, SAP propose déjà « CoPilot », un « assistant numérique qui fournit une expérience utilisateur humanisée en utilisant le langage naturel ».
Cette évolution s'inscrit dans un mouvement plus général : les financiers souhaitent aujourd'hui disposer des mêmes facilités au bureau qu'à la maison. Et donc pouvoir poser des questions au système d'information de l'entreprise comme ils s'adressent à la maison à Alexa, Siri ou Google . « Les professionnels de la fonction finance regardent tous du côté des assistants digitaux car ces solutions peuvent à la fois faciliter leur travail et mettre en valeur leur fonction. On est encore à l'étape de la « proof of concept » et des essais, plus que du déploiement de masse, mais d'ici deux ou trois ans, ces solutions de « chatbot finance » devraient être largement répandues », explique Nofel Goulli, associé chez BearingPoint et spécialiste de ces sujets.
Risque cyber
De quoi permettre, selon les cas, des recherches approfondies dans les systèmes d'information de l'entreprise ou des interactions avec ces derniers. « Notre solution comble l'écart entre l'environnement digital rencontré par les applications « grand public », et celui de la sphère professionnelle », affirme Unit4 qui a inclus son bot dans ses services standards « pour encourager une expérience utilisateur conversationnelle ». L'objectif ? Permettre aux collaborateurs de « se concentrer sur ce qui est important et donner le meilleur d'eux-mêmes au travail ». Jusqu'à un point qui peut sembler inquiétant : « Demain, il ne sera plus nécessaire de demander un résultat de son équipe… Il suffira de s'adresser à Wanda », claironnait Matthias Thurner, chief product officer chez Unit4, en présentant le robot à un ensemble choisi de clients lors d'un récent séminaire.
Le vrai risque, toutefois, est d'ordre cyber . « L'entreprise peut craindre de voir quelqu'un accéder à ses données financières ou les modifier. Dans la mesure où ces outils sont dotés d'intelligence artificielle dont l'apprentissage peut être mal intentionnellement biaisé, il y a aussi le risque de voir fausser les informations restituées aux utilisateurs », prévient Nofel Goulli.